Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/184

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Tel était dans ses grandes lignes le mécanisme de cet oiseau aérien.

Il réalisait donc le principe de l'aérostation en s’enlevant jusqu’à une certaine hauteur à l’aide de l’hydrogène et celui de l’aviation en utilisant pour se diriger sa forme et la pesanteur.

En quoi il imitait les pigeons voyageurs, car si l’on observe le vol de ces messagers aériens, on les voit s’élever d’abord à grands coups d’ailes à une hauteur considérable, puis, de là, former plan incliné, les ailes étendues immobiles et s’infléchir sur le point qu’ils ont reconnu.

Jusqu’alors les ascensions qu’avait tentées le savant aéronaute, avec un succès constant d’ailleurs, n’avaient eu lieu qu’en France, et jamais leur durée n’avait dépassé seize heures.

Bien que l’aérostat fut étanche et que l’hydrogène y fut emmagasiné sans perte aucune, on pouvait se demander si cette condition essentielle subsisterait encore après plusieurs semaines ou plusieurs mois de voyage.

C’était donc un problème redoutable et des plus intéressants qu’il s’agissait de résoudre, problème double, puisqu’il ferait entrer l’aérostation dans une voie toute nouvelle et permettrait, à des distances énormes, l’exploration par les ballons.

Qu’on pût aller de Paris à Nice en quelques heures grâce à ce système, personne n’en doutait plus, et déjà une société au capital de cinq millions s’était fondée pour la construction d’un ballon du modèle de l’ingénieur Durville.

Mais ce mode de voyager était encore limité par l’insuffisance de force ascensionnelle de l’aérostat ; ne pouvant atteindre des altitudes supérieures à 3.000 mètres, il ne pouvait, par exemple, franchir les Alpes pour aller en Italie et les Pyrénées pour aller en Espagne ; il pouvait, il est vrai, aborder ces pays par leurs côtes les moins accidentées, mais on sentait qu’il y avait encore de ce côté un progrès à réaliser avec les ballons métalliques.

Il fallait qu’ils pussent s’élever à une hauteur considérable, à 6.000 mètres au moins et, dominant ainsi les principales aspérités de l’écorce terrestre, exécuter au-dessus d’elles les bonds dont ils tiraient leur vitesse propre.