Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/196

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Le ballon eût pu enlever un nombre bien plus considérable de passagers : soixante personnes eussent tenu à l’aise sur la plate-forme de la nacelle.

Sa force ascensionnelle était de 23.480 kilogrammes, alors que le poids total emporté par lui, passagers compris, n’était que de 14.930 kilogrammes.

Il restait ainsi une force ascensionnelle disponible de 8.550 kilogrammes et ce poids respectable, simplement diminué de 300 kilogrammes pour permettre à l’aérostat d’atteindre l’altitude de 2.000 mètres, était représenté par des approvisionnements considérables en vivres et en lest.

L’ingénieur s’était muni de tout ce qu’il fallait pour un voyage de trois mois ; il emportait aussi des armes et des munitions comme s’il eût dû armer vingt hommes et soutenir un siège.

Le lest était représenté dans ce chiffre par un poids de 4.500 kilogrammes.

Avec une pareille réserve, l’ingénieur était bien sûr de ne pas prendre un bain forcé dans la Méditerranée, à moins d’imprévu.

Depuis une heure tout était prêt à bord.

— Cet interprète n’arrivera donc pas ? fit le savant impatienté, et las de donner des poignées de main aux nombreux amis et admirateurs qui avaient fini par pénétrer dans l’enceinte.

— Monsieur fait sans doute ses visites d’adieu au noble faubourg, dit Guy tranquillement.

— Je lui ai si bien répété l’heure, nous ne pouvons cependant partir sans lui.

— Pourquoi pas ? En ce qui me concerne je m’en passerais fort bien, car il ne me revient guère.

— Pourtant…

— Nous ne serions pas embarrassés pour le remplacer à Alger, poursuivit le jeune homme, et quelque chose me dit que nous ne perdrions pas au change.

M. Fortier venait de s’approcher, et serrant la main de son ami :

— Je te rappelle encore que ma fille compte sur toi : elle m’a dit et répété vingt fois depuis ce matin qu’elle n’avait plus d’espoir qu’en toi ; elle n’a pu se décider à m’accom-