Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/304

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de l’angle d’inclinaison : la voici ; quant au tour d’horizon, il doit être fait très lentement.

— Je vous observe depuis le commencement ; j’ai compris.

Saladin prit la poignée de l’appareil de la main droite, de la main gauche qui tenait son couteau ouvert il cherchait les fils conducteurs.’

— Bien, c’est cela… dit l’ingénieur. Je vais maintenant me préoccuper du départ, car la place ne sera bientôt plus tenable ici.

— Mais, fit-il, s’interrompant, voyez donc l’ennemi ; ne dirait-on pas qu’il accélère l’allure ?

C’était vrai, dans le champ lumineux des torrents humains roulaient, se hâtant.

La mort fauchait : les Noirs essayaient de gagner du terrain. Ils n’étaient plus qu’à 400 mètres et leurs flots circulaires se poussaient les uns les autres ; c’était un immense arc de cercle qui allait diminuant de rayon.

Soudain, il s’arrêta.

Une minute s’écoule, puis leur ligne à son tour s’éclaira.

Arrivés à bonne portée, les Nègres tiraient eux aussi.

— Demandez par le téléphone qu’on détache le guiderope cria l’ingénieur, nous allons monter.

Comme il achevait ces mots, le réflecteur s’éteignit.

— Qu’est-ce donc ? fit M. Durville ;

— N’avez-vous pas entendu ? dit Saladin.

— Non.

— Ce sifflement… une balle certainement… personne n’est touché ? "

— C’est elle qui aura coupé le fil, dit l’ingénieur ; il est fort heureux qu’elle n’ait pas brisé l’appareil ; démontez le vivement, Gesland, pour le mettre à l’abri ; nous le réinstallerons une fois hors de portée.

D’ailleurs, comme pour justifier le mensonge de l’interprète, car il avait coupé le conducteur avec son couteau, d’autres sifflements se firent entendre et l’un d’eux rendit un son métallique.

— L’enveloppe est touchée, dit l’ingénieur… il n’est que temps.