Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/318

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— Dès que nous serons en route, dit l’ingénieur, Roffa ira rechercher les trous et les bouchera… c’est urgent, en effet…

Il était six heures du matin ; le Tzar filait vers le Nord-Est.

M. Durville voulait d’abord passer par Laghouat ; de là, il télégraphierait à Alger…

Que ferait-il ensuite ? Il ne s’en doutait même pas. Qu’irait-il voir du côté du Niger, après un semblable désastre à la frontière algérienne ?

Il n’avait plus qu’un parti à prendre, retourner à Alger, se mettre à la disposition du général gouverneur et attendre les événements…

Quel contre-coup allait avoir cette défaite sans précédent, tant en Afrique qu’en Europe !…

Des coups de feu, suivis de quelques sifflements isolés, interrompirent ses lugubres réflexions.

L’aérostat franchissait un épais cordon de Touaregs. et quelques—uns d’entre eux le saluaient d’une décharge au passage, reconnaissant l’indiscrète machine qui était venue la veille planer au-dessus d’eux.

Infatigables, ils ne s’endormaient pas dans leur victoire, et, déjà, poussaient de l’avant sur tout le front de l’armée musulmane triomphante, comme s’ils eussent senti que rien ne s’interposait plus entre elle et Alger.

Le ballon les dépassa et, en quelques minutes, les eu laissés à une dizaine de kilomètres en arrière.

Tout à coup, l’interprète se pencha et poussa un cri :

— Voyez, voyez donc, juste au-dessus de nous, ce soldat tombé !

— C’est un chasseur d’Afrique, cria Gesland ; son cheval est arrêté à côté de lui.

— Un blessé probablement, dit l’ingénieur.

— Sauvons au moins celui-là, dit Guy, car, dans moins d’une heure, les Touaregs l’auront rejoint.

La même pensée était venue à tous en même temps.

Déjà Gesland se suspendait à la soupape, après avoir replacé la masselotte dans son état d’équilibre.

Le Tzar descendit a 100 mètres du sol.

Le mécanicien ne s’était pas trompé : c’était un chasseur