Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/327

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perçants avaient vu le groupe et accouraient la lance en arrêt.

Guy s’orienta, assujettit les étriers, rendit les rênes et le cheval, flairant le danger, fit un bond prodigieux.

— Adieu ! cria-t-il.

— Adieu, Bon-Garçon ; adieu, mon bon cheval, murmura une dernière fois l’officier.

Pendant quelques instants, les yeux troubles, il suivit du regard le noble animal, bondissant à travers la plaine, puis, entendant derrière lui des pas précipités sur le sable, il se retourna.

Trois Touaregs l’entouraient, et déjà leurs méharis ayant ployé leurs jarrets, deux d’entre eux sentaient à terre pour le dépouiller.

Une double détonation retentit. La main du lieutenant n’avait pas tremblé, et deux cadavres s’allongèrent a ses côtés.

Alors une dernière fois il détourna la tête, le cheval et son cavalier diminuaient, diminuaient à vue d’œil.

Ils étaient hors d’atteinte…

Lentement il ajusta le troisième Touareg dont la lance levée allait frapper ; mais son regard se voila, il craignit de rester désarmé dans une défaillance suprême et, introduisant l’extrémité du canon dans sa bouche, il pressa une dernière fois la détente.

Sa tête rebondit, trouée, creusant un trou dans le sable, et quand le dernier Targui, de sa longue lance à la hampe raplatie, l’atteignit à la poitrine, la fouillant à coups furieux et précipités, il n’avait plus devant lui qu’un cadavre.

Au loin, vers le Sud, dans le ciel azuré qui se fondait avec l’horizon violacé du désert, le ballon n’était plus qu’un point.


FIN DU TOME PREMIER