Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/13

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Aussi, bien qu’il eût vite remarqué la relation qui existait entre le maniement des deux cordes et la marche ascendante et descendante de la machine, Ilmiden n’eut jamais la curiosité de la provoquer lui-même.

Quant à Bedouaram, ainsi s’appelait le vieux Targui, il était d’une indifférence absolue à tout ce qui se passait autour de lui, se bornant à rouler machinalement entre ses doigts les grains jaunis de son chapelet.

Saladin avait rapidement pris son parti.

Des indications assez vagues que lui avait données le mufti de la mosquée d’Alger, il n’avait retenu qu’un détail, c’est que le Sultan devait se trouver aux environs du Tchad.

Il allait donc mettre le cap sur ce point fameux, sans plus s’inquiéter de ce qui se passait en Algérie.

Il n’avait plus qu’un but, en effet : rejoindre le Sultan.

Il arrêta la marche de l’aérostat, et quand il le vit immobile, il descendit à la cabine de l’ingénieur : du premier coup, ses yeux tombèrent sur une carte d’Afrique à grande échelle qui avait déjà été consultée en commun ; dans un coin, des instruments de précision : baromètre, thermomètre, niveau d’eau, théodolite, sextant s’étalaient dans un savant fouillis.

Dans la vie aventureuse qu’il avait menée jusqu’alors, Saladin n’avait pas été sans faire le point. Il y arriva assez aisément et d’une façon assez approximative, grâce au sextant et au chronomètre et trouva pour sa position 3° de longitude est 37°6 de latitude nord.

En cherchant sur la carte, il trouva que le ballon planait au-dessus du M’zah ; depuis qu’il marchait un peu à l’aventure, après sa visite au champ de bataille, le Tzar avait fortement dévié vers le Sud-Est.

Saladin mesura l’azimut, formé par la ligne qui le joignait au Tchad avec le méridien du lieu où il se trouvait.

L’angle de ces deux lignes était de 36° 40′ ; l’azimut, par rapport au méridien magnétique, c’est-à-dire à l’aiguille aimantée, était donc, en tenant compte de la déclinaison, de 159° 31′.

En donnant à l’axe du ballon cette direction invariable, il ne pouvait donc manquer de tomber sur le grand lac