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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/114

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Le lendemain seulement de cette arrivée mémorable, de Melval retrouva Zahner. L’excellent garçon avait veillé à l’installation de toute la smala orientale, dans un hôtel tranquille de la rue Saint-Honoré, l’hôtel Saint-James, et lui-même s’était installé auprès d’elle pour éviter à la Sultane les visites importunes.

Le plus heureux de cette solution avait été Hilarion. La vue de Paris ; dont il avait si souvent parlé et où il se promettait de si bonnes parties, l’avait moins remué qu’il ne l’avait cru ; les beaux yeux d’Arkeïa n’étaient pas étrangers à cette indifférence et il ne quittait plus l’hôtel, sans que pour cela ses affaires avec la jolie descendante d’Hélène et d’Iphigénie fissent mine d’avancer rapidement.

Le premier moment avait été chaud entre de Melval et Zahner ; certes, avec le tapage que la presse, le Gros Journal en tête, avait provoqué autour de leur nom, ils s’attendaient bien à une réception bruyante, mais ils ne prévoyaient pas le courant de sympathie qui avait parcouru cette foule à leur arrivée, et cette éclatante récompense que leur ménageait le chef de l’armée. Ils avaient été remués au plus profond d’eux-mêmes en se voyant accueillis de la sorte par leurs compatriotes, et toutes tours fatigues leur avaient semblé douces ainsi payées.

Mais presque immédiatement séparés l’un de l’autre, ils n’avaient pu échanger leurs impressions et ce fut un débordement de réflexions joyeuses et émues quand ils se retrouvèrent.

Lorsqu’ils furent un peu calmés, de Melval annonça sans phrases à Zahner leur départ pour le surlendemain.

— Diable ! fit l’autre en sursautant.

— Ne te souviens-tu pas que tel était ton désir il n’y a pas longtemps de cela, lorsque nous avons aperçu des hauteurs de Scutari un ballon semblable à celui de ce Saladin ?… Nous n’allons pas laisser à d’autres le soin de purger l’Europe de cette bête venimeuse.

— Tu as raison, mon commandant, comme toujours, et tu sais bien que j’en suis ; mais que diable ! ce ballon n’aurait pas pu nous donner quelques jours de répit… A peine arrivés…

— Plus tôt nous partirons, plus tôt nous reviendrons. Ça ne va pas être long.