Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la côte en face de Ténédos et je te rejoins enfin… veux-tu de moi ?

— Si je veux ! s’écria le Sultan, certes, et je te rends ton poste auprès de ma personne, jusqu’à ce que tu reprennes ton service de jadis au palais.

— Omar ! appela le Sultan, voilà Kaddour, l’ancien médecin de la Porte, un fidèle parmi les fidèles ; il t’a soigné quand tu étais malade, avant d’aller à Saint-Cyr, te souviens-tu de lui ?

Omar regarda le nouveau venu d’un air soupçonneux.

— Comment as-tu pu franchir la croisière anglaise qui couvre la mer Egée ? demanda-t-il.

Le Turc regarda autour de lui, fouilla dans les poches de sa redingote et baissant la voix :

— Entrons dans la tente, dit-il, ce que j’ai à te dire ne doit pas être entendu.

Et quand tous trois furent seuls à l’intérieur, les portières rabattues :

— Ce sont les Anglais eux-mêmes qui m’ont débarqué, dit-il, lis.

Et il tendit au jeune prince un papier sur lequel Omar lut en anglais :

« Un sauf-conduit est accordé au docteur Kaddour, fidèle sujet de Sa « Majesté Britannique, pour aller de Salonique à Kum-Kaleh (Dardanelles). Le « gouverneur de cette forteresse, sir Edwards May, lui facilitera le passage de « nos lignes. Mission secrète de Sa Hautesse le Sultan Mourad.

« Donné à bord de l’Agamemnon, le 18 avril 19…

« Admiral GREEN,
« Commandant des forces anglaises de terre et de mer
« en Méditerranée et Turquie. »

— Et cette mission secrète ? demanda le Sultan dont le sourcil se fronça.

— Ne la devines-tu pas, Maître ? demanda le vieux Turc.

— Si, je la devine ; une mission de Mourad avec les Anglais comme intermédiaires ne peut être qu’une tentative d’assassinat.

— Tu l’as dit !

— Sur moi ?