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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/162

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Pendant six semaines les armées congolaises, flanquées des Massaï et des Fans, donnèrent aux positions autrichiennes, autour de Belgrade, de furieux assauts.

Le Sultan les avait fait passer en première ligne, autant pour leur fournir l’occasion de batailler qu’elles réclamaient à grands cris, que pour permettre aux Wahabites et aux Senoussistes de se refaire après cette rude étape de huit cents à mille kilomètres.

Désirant d’ailleurs reprendre sa marche sur Vienne avec ces incomparables soldats comme avant-garde, il les envoya dans la vallée de la Bosna, en observation devant les armées autrichiennes des confins militaires ; les chevaux des Wahabites devaient y trouver, sur la rive droite de la Save, au retour du printemps, des pâturages en abondance pour remplacer les feuilles et les pousses d’arbres auxquels ils étaient réduits depuis Sofia.

Mais, au bout de ces six semaines, Abd-ul-M’hamed s’aperçut qu’il n’était pas plus avancé que le premier jour.

Il avait infligé de fortes pertes à l’ennemi, mais elles avaient été aussitôt comblées, car l’empereur d’Allemagne, rompant en visière avec les engagements internationaux, avait envoyé trois corps d’armée de Silésie et de Brandebourg pour soutenir l’effort contre l’ennemi commun et remplacer le contingent russe rappelé en Bessarabie.

De plus, la première ligne de défense seule était tombée entre les mains des Noirs ; mais, commandée par l’artillerie de la seconde, elle n’avait pu être occupée, et le Sultan constatait à cette heure que l’absence de grosse artillerie rendait vaine, devant d’aussi formidables défenses, sa supériorité numérique.

Enfin les ingénieurs européens achevaient la construction d’un système d’écluses qui, joignant la Save au Danube suivant un diamètre et utilisant les affluents perpendiculaires, permettait d’étendre à l’improviste des inondations sur tous les points, et l’armée noire avait ainsi perdu à la fin de novembre une troupe d’élite de 6.000 Congolais.

Ceux-ci, en effet, s’étaient emparés, à la faveur de la nuit, d’une redoute située à l’aile gauche de la ligne et dominant la Save ; mais, lorsque le jour était venu, ils s’étaient aperçus qu’ils étaient entourés d’eau de tous côtés.