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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/25

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devoir de donner au soufflet du ballon toute l’ampleur qu’il était susceptible de prendre.

Au bout d’une heure de cette manœuvre à laquelle collaboraient les deux indigènes du Soudan, que Saladin avait pour compagnons de voyage depuis trois mois, le Tzar s’enleva, emportant avec lui sa charge effrayante et disparut dans le noir des nuages, pendant que les noirs qui avaient aidé à la manipulation des morts se précipitaient à genoux, croyant voir transporter dans le Paradis de Mahomet les corps ainsi suspendus.

Quelle dut être la stupeur des habitants et de la garnison de Constantinople pendant cette nuit où, projectiles d’un nouveau genre, huit cents cadavres s’abîmèrent sur les places, dans les rues et sur les terrasses des maisons et des monuments !

Ce fut, le lendemain matin, une véritable stupeur ; brisés, hideux, convulsés, les cholériques et les pestiférés s’étalaient un peu partout ; et les habitants comprirent quels bruits de chutes étranges avaient frappé leurs oreilles pendant la nuit.

Pour comble d’horreur, les chiens, qui pullulent à Constantinople, où ils font le service de la voirie en dévorant toutes les ordures, les chiens avaient cru à une aubaine tombée du ciel pour eux, et déjà la plupart des corps déchiquetés avaient semé de tous côtés des lambeaux, qui devenaient autant de semences contaminées.

Le soir même de ce premier jour, des milliers et des milliers de Turcs se précipitaient aux portes creusées dans la muraille de Bajazet et quittaient Constantinople.

La nuit suivante, une nouvelle pluie de corps décomposés et purulents s’abattit dans les forts, les ouvrages et les lignes avancées, terrifiant les sentinelles qui voyaient tourbillonner dans les noires profondeurs du ciel ces aérolithes aux formes humaines, aux membres brisés, aux visages livides.

Alors, la terreur devint générale.

Les troupes rivées à la défense de la ville allaient bientôt rester seules dans cette immense cité, seules avec les Juifs, les Arméniens et les Grecs, qui n’avaient pas voulu quitter Péra et Galata. L’effroyable malpropreté de certains quartiers se joignit aux bacilles apportés par le Tzar, et, en