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Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/41

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toutes les issues, ou tremblants s’étaient aplatis dans les recoins obscurs, le front sur les dalles.

Eux connaissaient celui qui entrait dans son ancien domaine.

Seule la sultane Hézia ignorait ce qui se tramait à quelques pas d’elle.

Appuyé à l’écart contre un des pilastres intérieurs qui décoraient l’entrée, un vieux Turc portant les épaulettes et la ceinture d’or, avec le court cimeterre des officiers de la marine turque, semblait attendre quelqu’un, et Omar, en le voyant, eut toutes les peines du monde à ne pas se trahir en courant à lui.

Le Sultan fit un geste : Hékim seul le suivrait ; les autres, Omar lui-même, ne pouvaient pénétrer dans le « gynécée ».

Une lourde portière retomba derrière lui et aussitôt le vieux caïmakan se précipita, embrassant l’épaule de son ancien élève.

— Eh bien ! Nubar !

— Hélas mon bon maitre !

— Elle est là ?…

— Oui !…

— Tu n’as rien pu ?…

— Rien !…

Un lourd silence suivit ce dernier mot.

— Tu n’as donc rien promis en mon nom : une fortune, j’aurais donné une fortune de roi pour la savoir loin d’ici !

— J’ai tout tenté, mais Hékim veillait : on eût dit qu’il se doutait de ma mission ; je n’ai pu pénétrer auprès d’elle, et un esclave que j’avais acheté pour lui porter une lettre a été trouvé égorgé le soir même en travers de sa porte.

— Alors, fit Omar, Dieu est le maître, mektoub !…

Mais ce fut avec un geste de profond découragement que le jeune prince laissa tomber cette devise du fatalisme arabe, et de nouveau son œil se mouilla en sentant son impuissance devant la volonté de fer qui allait condamner sa mère.

Il se laissa glisser sur un divan, la tête dans ses mains, attendant l’arrêt du destin.