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Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/196

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— Oh, je suis tout à fait d’avis que tout cela est très ennuyeux. Va-t’en, je vais encore dormir un peu. Le sommeil porte conseil et non la nuit.

Il se renfonça dans ses draps. C’est curieux comme les hommes les plus mûrs et les plus faisandés reprennent un air d’enfant quand ils ont la tête dans un oreiller. C’est pourquoi les femmes au fond ne les prennent pas au sérieux.

Bardy parti, Constant revint auprès de Susini.

— Pourquoi as-tu eu l’air de dire que je ne pourrais rien faire pour Cormont ?

— Vous pouvez tout faire : je voulais donner à Bardy un gros doute là-dessus, de façon qu’il soit moins sûr de vos bonnes relations avec ses ennemis.

Constant prit un air aussi exagérément futé que tout à l’heure devant Bardy il avait pris l’air naïf.

— Ouais… Eh bien, tu vas aller dire à Préault que je veux le voir, mais je ne veux pas qu’il vienne ici.

Ils discutèrent d’un lieu de rendez-vous dans la campagne pour la nuit suivante. Tandis qu’il roulait sur son vélo et traversait le pont de la Vère, Constant comparait les intrigues auxquelles il avait été mêlé autrefois dans d’autres pays à celle-ci. « C’est à peu près pareil, avec une différence de degré, une énorme différence de degré encore. La mort violente revient à pas timides dans cette France d’où elle était singulièrement absente. C’est pourquoi j’avais quitté la France. Somme toute, j’y suis revenu avec elle. » Il s’occupa de Susini. « Je suis de plus en plus