Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/209

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clé dans une cave, mais les seuls gardiens qui étaient le fermier et sa femme étaient aux champs. Il fut délivré en un tour de main.

— Merci, dit-il à Constant.

— J’espère que, maintenant, vous allez nous foutre la paix.

Cormont eut un rire arrogant de jeune homme.

— Ne dites pas à Susini ce que je viens de faire, demanda Constant à Bardy et Cormont.

Constant rentra à la Maison des Marais où il ne dit rien à Susini. Celui-ci attendait assez sceptiquement le résultat de l’intervention de Préault auprès de Salis et des communistes ; mais il continuait à ne pas s’occuper lui-même de l’affaire. Constant ne lui dit rien de ce qu’il avait fait.

La soirée se passa dans le silence, et la matinée du lendemain. À quatre heures, pas de Cormont. Il y avait un téléphone dans la maison, mais Susini n’aimait pas s’en servir ; il n’en usait guère que pour rester en contact avec son frère à Paris. Il décida d’aller en voiture jusqu’à l’École des Cadres ; Constant devait garder la maison.

— Si Roxane vient, que lui dirai-je ?

— Fais donc l’amour avec elle. Tu es bien le seul qui n’y soit pas passé. Et encore, qu’est-ce que j’en sais ?

Constant haussa les épaules. Au milieu de la nuit, Susini n’était pas rentré. Cela devenait drôle, il semblait à Constant que jamais plus personne