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Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/212

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« Comment a-t-il eu cette clé ? Un type est venu prendre une empreinte, la nuit. »

— Faut croire.

— Qu’est devenu Susini ?

— Sais pas, dit Cormont d’un ton assez sarcastique.

Soudain, Constant eut une impulsion. Son seul point fixe était sa fidélité à Susini, elle était la mesure de son indifférence à l’égard de tous et de Susini lui-même. Il était fidèle à Susini parce qu’aventurier il en donnait pour son argent à l’aventurier qui l’avait embauché. Donc il décida de profiter de ce que la plupart des hommes de Cormont étaient occupés à déterrer le trésor, pour filer vers la sortie. Mais à la grille et au bout de la chaussée, il voyait ou devinait qu’il y avait des hommes. Peu de lune, heureusement ; il revint à la pointe du jardin, sur la terrasse. Du côté opposé à celui où s’agitaient Cormont et ses garçons, en bas d’un petit escalier, il y avait une sorte de périssoire attachée à son anneau. Ayant vérifié que personne ne regardait de son côté, il y descendit. Rien de tout cela n’était difficile, il n’y avait qu’à se laisser aller. Pourquoi Cormont ne l’avait-il pas bouclé ? Il comptait sur sa neutralité, son immobilité, sa sympathie, ou simplement il n’y avait pas pensé. D’après le ton de sa voix, il avait dû mettre la main sur Susini avant d’envahir sa maison. « Mon devoir, scrongneugneu, goguenarda Constant, est de m’occuper de Susini et de voir à le délivrer s’il est dans les chaînes. »

Mais le plus pressé n’était-il pas encore d’empêcher