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Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/240

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vivant d’ici. Tu es une crapule infâme. Toute cette histoire d’armes par-dessus le marché noir est trop belle pour que je ne lui fasse pas un sort. Tu vas crever.

— Je te faisais bien gagner ta vie. Et nous étions parfaitement d’accord. Tu es aussi anarcho que moi. Tu veux me tuer, parce que tu me ressembles comme la goutte d’eau. Avec tes histoires chinoises et thibétaines, tu es aussi égoïste que moi.

— Oui, mais il y a lui.

Constant montrait Cormont. D’un geste brutal, il arracha le bâillon. Il était d’autant plus brutal qu’il souffrait un peu. La balle avait traversé le gras de la cuisse, mais il y avait le choc presque à bout portant et cela brûlait bien. Quand même il était content d’être blessé.

« Déjà, le sang coule. »

Cormont dit :

— Tous les Français sont tordus, du moins les vieux. Mais il fallait que je tombe dans la main du plus tordu de tous, une espèce de vieux bat’d’AF gaga.

— Tu n’es pas tombé dans les mains d’un ancien bat’d’Af… ou plutôt si. Après tout, Judas avait peut-être été bat’ d’Af. Tu es dans les mains de Judas. Je t’ai trouvé ta mort. Tu comprends, tous ceux qui sont dehors, ce sont des Français, ils ne sont pas foutus de te zigouiller. Mais il faut que tu sois zigouillé. Parce que tu es le dernier Français. Il faut que tous ces Français vendus à tous les étrangers possibles et imaginables zigouillent le dernier Français, le dernier Français