Page:Drieu La Rochelle - Les Chiens de paille, 1964.djvu/25

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à le comprendre et à l’aimer dans l’aveu lent et long de sa platitude, dans sa rêverie cernée et concentrée. Ce n’était pas brillant, ça ne disait que ce que ça voulait dire.

Je suis étonné de voir comme les Allemands ont peu fortifié la lagune.

La lagune est dans le fond de la baie. Les entrées de la baie sont très fortes. Et puis, quand même, vous avez vu les fortins dans les dunes.

Je ne me suis pas encore trop risqué dans les dunes. Je suis un inconnu dans ces parages.

— Évidemment, vous avez raison. Vous avez fait cette guerre  ?

— Les deux. Et vous  ?

— Oui, je suis capitaine de réserve d’artillerie.

Les hommes se parlent toujours de la guerre, même quand ils ne l’aiment pas ou la font mal. Celui-ci devait aimer l’armée plus que la guerre  : les hommes voient plutôt le moyen que la fin.

— Moi, j’étais dans l’infanterie, admit Constant.

— Mais excusez-moi, vous êtes d’une vieille classe.

— Oui, mais j’étais volontaire.

Le visage de Préault s’éclaira.

— Ah, très bien.

Constant ne haussa pas les épaules. M. Préault se crut encouragé.

— Ce n’est pas fini.

— Non, ce n’est pas fini, répondit Constant, constatant un fait général plus que particulier, sur un ton doux, mais court.

— Et vous avez été fait prisonnier  ?