— Susini dit cela aussi, nous comprenons qu’il y est obligé. Vous aussi. Enfin, vous aimez la France ?
— Ne commencez pas un interrogatoire. Je connais ces interrogatoires qui vous mènent par des chemins que je ne fréquente pas. Je vous ai dit que j’étais revenu très fatigué d’Allemagne. J’ai eu une vie très dure à l’étranger pendant vingt ans, j’en ai vu de toutes les couleurs. Il y a des tas de choses à quoi je ne veux pas m’intéresser.
Préault était extrêmement déconcerté et choqué. Cependant, Constant lui parlait sur un ton si tranquillement jovial et il lui paraissait si impossible qu’on ne se passionnât pas pour ce qui le passionnait, alors qu’on était passionné comme visiblement l’était Constant Trubert, qu’il s’en alla persuadé que celui-ci se défendait par prudence, par ordre de Susini ou parce qu’il avait été attaqué un peu brusquement.
Quelques jours plus tard, la nuit, alors que Constant fumait dans sa chambre, on toqua au volet. Il éteignit et ouvrit.
— C’est toi, Trubert ?
— Oui.
— C’est Salis. Laisse-moi entrer. J’ai à te parler.
— Entre.
Salis escalada la fenêtre que Constant referma. À la lumière, Salis le regarda avec ses yeux verts, où il y avait des irradiations noires, précises.
— Trubert, Préault m’a dit ce que tu lui avais dit, que tu ne faisais pas de politique. Il m’a même