« Quelle ignominie que tout cela, gémissait-il en dedans. Comme la vie sait nous humilier. Mais, avant les autres, j’entrerai dans la mort. »
Il y avait, somme toute, du chrétien chez Alain. Mais par-dessus ce chrétien, il y avait un homme qui, s’il acceptait sa faiblesse comme allant de soi pourtant ne voulait pas s’arranger avec cette faiblesse, ni essayer d’en faire une sorte de force ; il aimait mieux se raidir jusqu’à se casser.
Il dit :
— Je vais m’en aller.
Il se leva et vint vers Praline pour lui dire au revoir. Ce mouvement soudain changea l’atmosphère. « Après tout, où va-t-il ? » se demanda-t-on.
— Mon petit Alain, vous reviendrez nous voir bientôt, dit Praline d’un air anxieux.
— Nous manquons de monde, laissa tomber Totote.
— Mais oui, mais oui.
— Je vous aime bien, nous sommes de vieux amis. Il ne faut pas être triste.
— Urcel vous lira ses poèmes, ajouta Totote.
— Au revoir, Alain, dit Urcel en brouillant tous les sentiments dans un sourire : la coquetterie et la peur, la haine et l’amour.
— Il est devenu impossible, s’écria Praline quand il fut sorti ; au fond, c’est un raté et un envieux.
— Ne dites pas de bêtises, répliqua aigrement