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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/146

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— Qu’est-ce que tu as ? demanda Mignac, d’un air assez ému.

Il se rappelait les années de peur et d’abandon quand il était pauvre, et qu’il attendait les miracles de la fantaisie dans les bras d’une jolie folle.

— Fauchard, je vous félicite d’avoir trouvé Maria, repartit Alain.

La figure de Fauchard s’illuminait malgré lui : il fronçait les sourcils tandis que sa bouche souriait.

— Enfin, vous avez une femme, moi je n’ai rien ; vous ne savez pas ce que c’est que de ne pouvoir mettre la main sur rien.

— Voyons, dit Mignac.

— On a tout ce qu’on veut, mais aussi on n’a rien que si on le veut. Je ne peux pas vouloir, je ne peux pas même désirer. Par exemple, toutes les femmes qui sont ici, je ne peux pas les désirer, elles me font peur, peur. J’ai aussi peur devant les femmes qu’au front pendant la guerre. Par exemple, Solange, si je restais seul cinq minutes avec elle, eh bien, je me ferais rat, je disparaîtrais dans le mur.

— On va voir ça, dit Mignac.

Il sortit et revint avec Solange, puis il emmena Fauchard.

Alain se retrouva seul devant Solange. Une femme bien plus belle que Dorothy et que Lydia, bien plus amoureuse.

— Qu’est-ce qu’il y a, mon petit Alain ? Vous