famille irréprochables, les jeunes filles au sourire angélique, les vierges saintes, les prêtres en cheveux blancs, montaient impassibles sur la charrette et s’allongeaient sur la planche en disant : « Suis-je bien comme cela. Monsieur le bourreau ? » Le peuple, glacé d’épouvante et saisi aussi d’admiration, regardait et laissait égorger… Soudain, l’on entendit des sanglots, des hurlements, des imprécations… C’était une fille qui protestait, qui se débattait, qui ne voulait pas qu’on la tuât ; et le jour où la Dubarry cria qu’elle ne consentait pas à mourir, ce fut la Terreur qui mourut…
La Limouzin représente quelque chose d’analogue. On avait avili tout ce qui était respectable, chassé Dieu de l’école et la Justice des tribunaux ; on avait jeté hors du prétoire les magistrats honnêtes, pour les remplacer par des piliers d’estaminets et des suppôts de loges maçonniques ; on avait pénétré avec effraction dans des domiciles privés, et fait saisir par des argousins des religieux qui priaient ; on avait mis au pillage les finances de la France, et, pour mieux dégarnir nos frontières, envoyé nos soldats mourir au Tonkin… En dehors de protestations platoniques, qui se perdaient dans le silence de la lâcheté générale, tout semblait réussir à Grévy. Imperturbable dans sa fausse vertu, cet homme de bronze continuait à toucher, comme supplément à ses appointements, 300.000 francs pour des voyages qu’il n’exécutait jamais.