Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/261

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Notre malheureux pays aurait-il une chance d’échapper à cet effondrement ?

Oui, sans doute, si les opprimés s’entendaient pour réagir contre le Juif, qui est l’ennemi commun[1].

  1. On n’accusera certes pas Sébastien Mercier d’être un représentant des idées rétrogrades. Dès le Directoire, cependant, cet écrivain à l’esprit si curieux, aux aperçus parfois si justes, avait prévu que le Sémitisme deviendrait un danger pour l’Europe, qui serait obligée de soutenir une lutte acharnée pour se défendre. Le chapitre consacré aux Juifs, dans l’An deux mille quatre cent quarante, rêve s’il en fut jamais, a le caractère d’une véritable prophétie.
      « Les politiques sensés, écrit Mercier, n’avaient pas su prévoir les suites fâcheuses que pouvait avoir l’explosion soudaine d’un peuple nombreux et inflexible dans ses opinions, dont les idées, contrastant fortement avec celles des autres peuples, devenaient cruelles et fanatiques de leur loi et des promesses pompeuses qui remontaient à l’origine du monde, car la terre leur appartenait et les autres peuples n’étaient à leurs yeux que des usurpateurs.
      « Les Juifs, se regardant comme un peuple antérieur aux Chrétiens et créé pour les subjuguer, se réunirent sous un chef auquel ils attribuèrent soudain tout le merveilleux fait pour ébranler les imaginations et les disposer aux révolutions les plus grandes et les plus extraordinaires.
      « Il composait alors, en Europe, une multitude éparse qui pouvait monter à douze millions d’individus, et les Juifs répandus dans l’Orient, en Afrique, en Chine, et même dans les parties intérieures de l’Amérique, accourant ou envoyant des secours, la première invasion fut violente. Il fallut réparer l’invigilance politique des siècles précédents, et nous eûmes besoin de sagesse, de constance et de fermeté, pour décomposer ce fanatisme ardent, pour apaiser cette fermentation dangereuse, et réduire les Juifs comme ci-devant à gagner leur vie dans une tranquillité absolue.
      « Ils avaient travaillé dans tous les siècles et dans tous les instants avec la soif de la cupidité et l’ardeur que donne l’insouciance pour tout autre objet, toujours avides, toujours heureux en spéculations basses ou intéressées, grossissant éternellement leur bourse. Leurs énormes richesses leur avaient donné une audace fanatique, et le titre de Roi des Juifs, donné à un ambitieux, avait occasionné un orage politique dont les secousses ne laissèrent pas que de nous inquiéter. Nous ne voulions pas