Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/295

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deux idées dans une forme régulière ? Gambetta rencontrait d’instinct l’épithète ridicule et fâcheuse, comme Lamartine rencontrait la belle image, la comparaison vibrante et juste.

Pourquoi la langue fourchait-elle toujours à ce virtuose si habile comme exécutant ? C’est qu’il n’avait absolument aucune fibre par laquelle il tînt au sol, qu’il ne communiait réellement avec aucun des sentiments vivants dans l’âme française. Il n’avait pas plus le sens exact des mots, nés en son absence pendant que les siens psalmodiaient l’hébreu dans les ghettos d’Allemagne, qu’il n’avait la tradition de ces pensées magnanimes ou de ces notions innées, en quelque sorte, qui empêchent aussi bien les Français, de frapper sur les faibles que de dire que Bouvines est une défaite.

Les mots, sans rapports entre eux, employés presque au hasard, indiquent merveilleusement l’homme qui ne tient à rien, le politique qui ne se rattache ni au passé ni à l’avenir.

Du spectacle de cet homme, qui a pu arriver à être un moment le maître de la France, sans parvenir à prononcer jamais une phrase française, qui a pu nous dérober notre bourse et n’a pu nous prendre notre style, il faut rapprocher l’aversion native, spontanée, franchement accusée, qu’ont éprouvée pour cet intrus tous les esprits lettrés, affinés, élevés. Républicains et conservateurs, catholiques et libres penseurs, tous ont été d’accord sur ce point.

Il faut écouter George Sand, la vieille républicaine, qui maudit et raille à la fois Arlequin dictateur.

Écoutez encore Alexandre Dumas, qui complète en philosophe ce qui, chez George Sand, était surtout un mouvement du cœur gonflé de dégoût. Dès 1872, il tire