Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/302

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quons-le tout d’abord, n’avait aucun droit à modifier le régime de l’Algérie ; en s’emparant du pouvoir, il avait eu, par un reste de pudeur, le soin de déclarer qu’il ne le prenait que pour une tâche déterminée. Lorsqu’il remaniait profondément l’organisation algérienne, Crémieux commettait donc une usurpation dans une usurpation. Mais ces scrupules ne sont pas de ceux qui arrêtent un Juif.

Crémieux était admirablement informé de la situation ; il connaissait l’hostilité qui régnait entre les Arabes et les Juifs.

En profitant d’un pareil moment pour rendre le décret qui naturalisait les Juifs algériens, il trahissait donc purement et simplement la France, pour servir les intérêts de sa race.

En 1870, cette mesure avait un caractère particulièrement odieux. Les Arabes avaient fait héroïquement leur devoir pendant la guerre. Ces « diables noirs », comme les appelaient les Prussiens, qui bondissaient sous la mitraille, avaient émerveillé l’ennemi à Wissembourg et à Wœrth.

On ne se fût étonné qu’à demi si le gouvernement de la Défense nationale eût accordé quelque récompense éclatante à ces Arabes héroïques, qui, après avoir lutté si longtemps contre nous, nous défendaient à l’heure du péril. Rome émancipa les esclaves qui avaient combattu pour elle pendant la Guerre sociale, et quelque proclamation, honorant du titre de citoyen français ceux qui s’étaient montrés dignes de ce nom, eût produit un effet considérable en Algérie.

Mais les hommes de Tours ne considéraient pas les choses ainsi. A côté de l’Arabe qui se bat, il y a en Algérie une race abjecte qui ne vit que de trafics honteux, qui pressure jusqu’au sang les malheureux qui tombent