Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/335

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et le boucher, il assure le nécessaire à tous. Il est impossible de mieux remplir les fonctions de ce riche que Tertullien appelle « le trésorier de Dieu sur la terre ». Les radicaux, pour récompenser cet homme généreux, l’accusent d’enlever le goût du travail à ceux qu’il oblige, en les nourrissant, et ils espèrent bien, à la prochaine révolution, le guillotiner pour ce motif.

Ceci, j’en suis convaincu, est absolument indifférent au baron de Rochetaillée. L’ingratitude est parfaitement égale à ces âmes. Le noble, le représentant complet de la race aryenne affinée et comme spiritualisée, est étranger à tout sentiment de rancune. Le Christianisme, joint à une manière de penser naturellement grande, a détruit dans ces cœurs tout ressentiment des injures. Le Juif tient à la disposition de ses ennemis tout ce que, selon le mot de Goncourt, « une race éclaboussée par le sang d’un Dieu peut avoir de fiel recuit depuis dix-huit cents ans » ; le noble, lui, n’a ni fiel ni haine.

On a cité cent fois ce mot imbécile et charmant de Charles X, au moment de signer une nomination à une recette générale :

— Je dois prévenir Votre Majesté que c’est le fils d’un régicide.

— On ne choisit pas son père.

Il est vrai que la place qu’il accordait au fils d’un régicide, le roi l’aurait refusée au fils d’un chouan qui serait mort pour sa cause. L’oubli des services rendus, chez les Bourbons et chez tous ceux qui appartiennent à ce parti, a toujours été égal à l’oubli des offenses.


III


En dehors de quelques personnalités éclatantes, comme Montalembert, Falloux, le duc de Broglie, le