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mensal assidu de ces rogneurs d’écus de Francfort, enrichis par les spéculations que vous connaissez.


III


Pour une partie de la noblesse, la maison de Rothschild joue le rôle que jouait autrefois la maison de France.

C’est une bizarre et curieuse destinée que celle de cette famille, à laquelle nous consacrerons plus tard une étude spéciale, et qui est si intimement liée à l’histoire de ce siècle. Nous ne voulons en prendre aujourd’hui que le côté qui touche à la vie mondaine. Là encore les Rothschild ont eu à lutter longtemps. Il y a quarante ans, l’aristocratie bondissait d’indignation à la seule pensée de voir les Juifs se mêler à elle.

En 1846, en l’honneur de l’arrivée à Baden d’un souverain étranger, on voulut organiser un bal. On nomma, pour régler les détails de la fête, trois commissaires, parmi lesquels M. Maurice de Haber. Les deux autres refusèrent d’avoir pour collègue un Juif, quoique ce collègue fût M. de Haber, le richissime banquier de Cologne, allié à la famille d’un maréchal de France, à la famille de Grouchy. M. de Haber envoya des témoins. Les commissaires refusèrent de se battre avec lui, et ne consentirent à croiser le fer qu’avec un de ses amis.

La ténacité juive, la patience à endurer les affronts et à feindre même de ne pas les apercevoir, vinrent à bout de tout. Le vieux James entra dans la société comme bouffon : il amusait ; on lui faisait répéter à chaque instant sa fameuse charade :

— Mon bremier il a tes tents, mon segond il a tes