ment occupé de cette question, estime que les sommes ainsi perçues par les directeurs de cercles se sont élevées à soixante millions en cinq ans.
De ces chiffres il faut évidemment distraire les sommes considérables prélevées par le personnel de la Préfecture de police, qui, à tous les degrés, depuis le préfet jusqu’au dernier des agents, rançonne les maisons de jeu, et surtout les pots-de-vin donnés aux ministres et aux députés opportunistes.
Les ministres octroient aux députés, qui ferment les yeux sur leurs actes, soit des autorisations d’ouvrir des Cercles, soit des concessions, des parts dans les fournitures militaires et les adjudications.
On n’a pas oublié la poursuite correctionnelle dont furent l’objet, au mois de juin 1883, les fondateurs du Cercle du Parlement, somptueusement installé au 242 de la rue de Rivoli, et qui fit faillite après avoir dévoré 800,000 francs en quinze mois.
Alfred Leconte, député de l’Indre, déjà célèbre pour un permis de chemin de fer gratté dans une intention frauduleuse, et qui s’était associé pour l’exploitation de ce Cercle à l’un de ses collègues, reconnut devant le tribunal qu’il était logé et nourri gratuitement dans l’établissement ; il avoua également avoir reçu la moitié des six cents actions attribuées à un M. Trapet. C’est à Leconte, en effet, que l’autorisation a été accordée. Devant la Police correctionnelle, le Substitut, M. Louchct lut, à ce sujet, des lettres de Leconte qui prouvent une absence absolue de tout sens moral.
Ce procès, d’ailleurs, est d’un bout à l’autre un des plus curieux documents sur les mœurs actuelles que l’on puisse imaginer. Les sénateurs et les députés venaient faire dans ce Cercle de plantureux dîners, des