Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/404

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On connaît les faits matériels du crime. Dans la matinée, une fenêtre s’ouvrait brusquement, au quatrième étage, et une jeune fille apparaissait, en poussant des cris désespérés ; puis elle disparut, violemment attirée en arrière, et la fenêtre se referma. Un instant après, on entendit le bruit d’une détonation. Des gardiens de la paix furent requis, et on ouvrit la porte de l’appartement en question. Cet appartement était celui qu’habitait un courtier en diamants, M. Georges Rappaport. Il avait poignardé sa fille, et s’était ensuite brûlé la cervelle. Voilà les faits brutaux, dans leur simple et sanglante horreur. Mais les causes du crime, aucun journal ne les a exactement connues.


Les autres journaux présentent le drame sous un aspect tout différent.


Rappaport, disent les Nouvelles de Paris à la date du 14 décembre, était originaire de la Pologne russe, Israélite de religion… En 1862, un ami commun l’avait présenté à une ravissante jeune fille, Juive comme lui… Il l’épousa et en eut deux enfants. Mais un jour, sa femme, lasse de son prosaïsme, l’abandonna pour suivre un jeune homme… qu’elle quitta pour un autre… si bien qu’elle se trouve aujourd’hui l’amie intime d’un de nos confrères, et que récemment, à l’Odéon, elle a — bien malgré elle du reste, — joué un rôle dans la scène de violence qui interrompit la première du Mariage d’André.


L’opinion la plus répandue dans le quartier était que Rappaport avait été assassiné par un individu au type sémitique, qu’on avait vu s’enfuir précipitamment quelques moments après le crime, et que la jeune fille avait été frappée en essayant de défendre son père.

D’après la conviction générale, l’active intervention d’un magistrat juif aurait arrêté l’enquête au moment où elle allait aboutir. Ce qui est certain, c’est que l’autopsie, vivement réclamée partout le monde, ne fut pas faite ; un rabbin vint prendre le corps de Rappaport,