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les voitures dans les rues, comme jadis sur les grands chemins.
On tue les voyageurs en wagon, les filles dans leur lit, les marchands de vin à leur comptoir[1]. La police se croise les bras devant tous ces crimes, absolument impuissante[2].
VII
Les Brasseries de femmes sont à la fois des lupanars, des tripots, des cabarets. Une fois entré là, tout fils
- ↑ Voici, d’après les journaux, le bilan d’une semaine de
janvier 1886 :
Paris : Assassinat de Mme Laplaigné, marchande de vins, rue Beaubourg ; assassinat de M. Barréme, préfet de l’Eure ; assassinat de Marie Aguétant, rue Caumartin ; tentative criminelle, 103, rue du Poteau, où le nommé Victor Boqueteau blesse grièvement à coups de canne sa femme et sa belle-mère ; à Clichy, Victor Arynthe frappe sa tante de deux coups de couteau, puis se suicide en absorbant de l’acide sulfurique.
Départerments : A Viry-sur-Mont (Somme), le sieur Jacques François tue à coups de serpe Mme veuve Piédocq et sa fille ; à Horgny (Somme), Basset (Alexandre), manouvrier, âgé de cinquante-huit ans, est égorgé au lieu dit la Cavée d’Horgny ; à Cusey (Haute-Marne), un vannier est poignardé par son ouvrier ; à Garnerans (Ain), Mme veuve Ferrand est étranglée dans son domicile de Deboste ; à Beaune, Lamothe, vigneron, se rendant à Dijon, est foudroyé d’un coup de fusil ; au Havre, le sieur Laplante étrangle sa maîtresse, la Belle Nantaise ; à Villeneuve-sur-Lot, le nommé Fiasse, détenu à la maison centrale, après avoir jeté du vitriol à la figure du gardien Bonnassie, lui porte plusieurs coups de tranchet ; près de Saint-Valbert (Eure), M. Charles Nardin, garde forestier, est terrassé par un individu qui lui porte à la tête plusieurs coups de couteau.
Au total, neuf assassinats et cinq tentatives de meurtre en six jours. - ↑ La police coûte seize millions de plus qu’en 1869. Sous l’Empire, elle se contentait de 9,332 agents ; elle en emploie aujourd’hui seize mille !