Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/463

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Delacroix, l’admirable auteur de tant de peintures religieuses, se détourne sur son lit de mort pour ne pas entendre le son des cloches ; il aime mieux s’enfoncer dans le noir que d’aller regarder combien les figures qu’il a rendues à demi visibles par son pinceau, sont plus belles encore que son génie n’a pu les concevoir.

Avant d’être touché par la grâce, combien d’années Littré, si honnête, si droit cependant, n’a-t-il pas lutté contre l’évidence ?

Prenez Jules Soury parmi les philosophes contemporains. Dans son Bréviaire du matérialisme, qui est un chef-d’œuvre de critique et d’érudition, il a apporté, selon moi, les meilleurs arguments à la Religion, en constatant que depuis cinq mille ans la philosophie est toujours au même cran, qu’elle répète toujours la même chose, qu’elle tourne dans le même cercle, qu’elle n’a pu rien expliquer ; il a démontré que Darwin n’avait fait que reprendre les théories de l’adaptation à Anaximandre, qui lui-même copiait Anaxagore, lequel plagiait Empédocle. L’auteur n’en est pas plus chrétien pour cela. Cet homme, qui est un travailleur vaillant, lui aussi, admet volontiers, avec Schopenhauer, que la vie est un mauvais tour que nous a joué le grand Inconscient.

Encore une fois, nous n’avons ni à juger les cœurs ni à sonder les reins. Remueurs de paroles, constructeurs de systèmes, génies perdus par l’ironie ou obscurcis par l’orgueil, libres penseurs de toutes les nuances, n’ont rien à voir avec les misérables qui jettent un vieillard hors de son domicile parce qu’il ne pense pas comme eux, ou qui volent le pain d’un prêtre indigent. Littré, même avant sa conversion ; Vacherot, ont protesté avec dégoût contre ces infamies ; deman-