Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gens pour lesquels la vertu n’est qu’un mot, les Assemblées prises en masses sont accessibles à certains courants.

Un frisson passe dans la salle, quand, s’adressant au Garde des sceaux, qui baisse la tête, l’orateur lui dit : « Vous êtes le maître de l’action publique ; pourquoi ne la mettez-vous pas en mouvement ? Il y a des coupables : cherchez-les et punissez-les ! »

Il est peu vraisemblable, évidemment, que Martin Feuillée, qui a eu probablement sa part de gâteau, commence une instruction contre lui-même ; mais les foules, je le répète, sont toujours promptes aux impressions, et tout le monde se demande si Tirard ne va pas avoir le sort de Teste.

Le Vénérable de la loge l’École mutuelle était pâle comme un mort ; il fit sans doute le signe de détresse en élevant les deux mains croisées au-dessus de sa tète. Soudain, des bancs de la gauche partent des vociférations, des cris confus, des interruptions assourdissantes. On veut empêcher à tout prix M. Oscar de Vallée de poursuivre sa courageuse harangue. Les Maçons descendent au bas des gradins, pour mieux insulter celui qui dévoile les scandales d’un des leurs. On distingue, parmi les plus exaltés, Deschanel et Laurent Pichat, de la Clémente Amitié ; le Juif Millaud, de la Fraternité progressive ; Testelin, de l'Étoile du Nord, qui croit qu’on parle une langue étrangère lorsqu’on parle de probité ; Tolaîn, de la Prévoyance, toujours prêt lorsqu’il s’agit de se faire noter d’infamie.

Les clameurs couvrent la voix de l’homme probe, qui est réduit à se taire. Martin Feuillée s’essuie le front, Le F.*. Tirard est encore une fois sauvé.

C’est le Benjamin des loges, d’ailleurs, un vrai Lowton, que cet ancien bijoutier en faux.