Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/557

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle avait reçu de l’argent pour se livrer ; c’est la prostitution qui avait payé l’hôtel dans lequel elle habitait, les chevaux qui la portaient au Bois, les tableaux de maître qui garnissaient sa demeure, la parure qui ornait sa décrépitude élégante.

Elle continuait à parler de la vertu, à flétrir les filles corrompues et les écrivains corrupteurs.

Soudain, Dumas fixa sur elle son regard bleu si aigu ; puis, lui frappant vigoureusement sur le ventre :

— As-tu fini ? dit-il simplement.

Un flot de larmes vint aux yeux de la créature…

As-tu fini ? est un mot qui sert. Les plus éhontés parmi nos républicains tripoteurs, nos magistrats déshonorés, nos administrateurs familiers avec tous les crimes, hésitent parfois à s’en prendre directement à un Parisien accoutumé à ne se gêner qu’avec ce qui est honnête : ils craignent cet as-tu fini ? gouailleur, mépriseur, vengeur, qui rappellerait à ces impudents tout leur passé d’infamies.

Les prêtres, les braves gens, les vieillards, habitués à respecter les conventions sociales, ne savent pas dire : As-tu fini ? Malesherbes ne l’a pas dit à Fouquier-Tinville ; et c’est un des spectacles les plus affreusement comiques qui se puissent imaginer, que celui de tous ces grands Parlementaires, de tous ces personnages austères et vénérables, s’abaissant à donner des raisons aux misérables couverts de sang qui remplissaient alors les prétoires.

Tombées dans quelque embûche, atteintes au cœur par quelque campagne organisée contre elles, les victimes de la Franc-Maçonnerie s’en vont ruminer leur infortune dans un coin. Le mari quelquefois regarde sa vieille compagne, et tous deux se sont compris : ils pensent à la même chose, au malheur d’avoir trop vécu,