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quelques ducats au père éploré ; les journaux libéraux français d’alors, les Débats, l’Opinion nationale, le Siècle, etc., qui applaudissaient à l’unité italienne, comme ils devaient, avec leur clairvoyance et leur patriotisme ordinaires, applaudir à l’unité allemande, entonnaient leur grand air de bravoure contre le fanatisme éternel, le Saint-Office, le despotisme papal ; ils versaient des larmes sur ce père qu’ils appelaient « une victime sacerdotale ».

La mort de Cavour et l’occupation de Rome par les Italiens ruinèrent ce pauvre Mortara, qu’on mit au rancart dès qu’on n’eut plus besoin de lui. Accusé d’assassinat, il passa devant la cour d’assises de Bologne le 28 octobre 1871, et il eut la chance d’être acquitté, grâce à l’appui des Francs-Maçons.


III


La patrie, dans le sens que nous attachons à ce mot, n’a aucun sens pour le Sémite. Le Juif — pour employer une expression énergique de l’Alliance Israélite — est d’un inexorable universalisme.

Je ne vois pas très bien pourquoi l’on reprocherait aux Juifs de penser ainsi. Que veut dire patrie ? Terre des pères. Le sentiment de la patrie se grave dans le cœur à la façon des noms écrits sur un arbre, et que chaque année qui passe creuse et enfonce plus profondément dans l’écorce à mesure que l’arbre vieillit, de façon que l’arbre et le nom ne fassent qu’un. On ne s’improvise pas patriote ; on l’est dans le sang, dans les moelles.

Le Sémite, perpétuellement nomade, peut-il éprouver des impressions aussi durables ?

En outre, le Juif a une patrie à laquelle il ne renonce