Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/97

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L’autre est là également, très nature, très intéressant, très typique. Il promet, sans rire, de rétablir le trône de saint Louis qui a expulsé les siens, l’autel de ce Christ qu’il considère comme le plus méprisable des fourbes. Il se convertit même comme un simple, Bauër. Il vend la princesse, parce que c’est l’intérêt de sa religion, et cherché par surcroît dans l’opération — sans ce trait la race ne serait pas complète — un tout bédit pénéfisse.

La scène que décrit Dumas, dans la lettre suivante, est vraiment dramatique et belle :


Monsieur,

J’ai eu pour camarade de collège, et pour ami intime depuis, Henri Didier, député de l’Ariège sous l’Empire, mort en 1868. Il était le petit-fils de Didier, fusillé à Grenoble sous la Restauration, à la suite d’une conspiration bonapartiste, et fils du Didier qui était secrétaire général au ministère de l’intérieur, quand eut lieu l’arrestation de la duchesse de Berry sur la dénonciation de Deutz. C’est ce Didier-là qui fut chargé de payer au dénonciateur les 500,000 francs qu’il avait demandés.

Mon ami m’a raconté un jour, en me faisant promettre de ne livrer le fait à la publicité qu’après sa mort, que son père, le jour du payement, l’avait fait cacher, lui, enfant âgé de dix ans à cette époque, derrière une tapisserie de son cabinet, et lui avait dit : « Regarde bien ce qui va se passer et ne l’oublie jamais. Il faut que tu saches ce que c’est qu’un lâche et comment on le paye ! » Henri se cacha, Deutz fut introduit.

M. Didier était debout devant son bureau, sur lequel se trouvaient 500,000 francs en deux paquets de 250,000 francs chacun. Au moment où Deutz s’approchait, M. Didier lui fît signe de la main de s’arrêter ; puis, prenant les pincettes, il s’en servit pour tendre les deux paquets l’un après l’autre à Deutz, après quoi il lui indiqua la porte.

Pas un mot ne fut prononcé pendant cette scène, que je vous raconte telle qu’elle m’a été racontée par mon ami, le