Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/131

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Qui ne se rappelle encore Feghyne, celle étrangère reçue au Théâtre-Français parce qu’elle était d’origine juive, tandis qu’une Française et une chrétienne qui n’aurait pas eu plus de talent qu’elle n’aurait pas été seulement admise dans la loge du concierge ? N’était-elle pas dévorée par la névrose, bien avant que l’accès n’éclatât, la bizarre créature que Tourgueneff a peinte sous le nom de Clara Militch ?

Sarah Bernhardt, avec ses imaginations macabres, son cercueil de satin blanc dans sa chambre, est évidemment une malade[1].

  1. A propos des goûts mortuaires de Sarah Bernhardt, rappelons une histoire qui est jolie. Au moment de la première représentation de Foedora, un de nos confrères, M. Félicien Champsaur avait imaginé de donner dans son journal une reproduction de la célèbre photographie de la comédienne couchée dans son cercueil. L’idée ne plut pas à Sarah, et elle ordonna la saisie qu’un ami fut chargé de faire opérer. Bouillant d’ardeur, il se précipite chez le commissaire qui était précisément celui qui trouvait charmant que le jour de la Mi-carême on promenât sur les boulevards une caricature du Christ en croix.
    — Monsieur le commissaire, il vient de paraître un dessin infâme.
    — Qu’est-ce que vous me chantez là ? Un pauvre vieux prêtre qu’on aura tourné en ridicule, un religieux représenté dans une attitude indécente. C’est la liberté cela, monsieur. Vive la liberté !
    — Y pensez-vous ? Savez-vous à qui on ose s’attaquer ? à une Juive, à Sarah !
    — S’attaquer à une Juive, à Sarah ! Que me dites-vous Je saisis, je saisis tout, je suis saisi moi-même….
    Et abandonnant le prisonnier qu’il avait à interroger, il s’élance pour faire main basse sur tous les exemplaires séditieux.
    Cela fait songer à l’aventure non moins amusante de Camescasse. Au moment où les Juifs de Rosie s’installèrent dans la Cité Doré, Ils songèrent immédiatement à construire un oratoire, et certes ce n’est