Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/158

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blasés c’est la haine contre l’Église, contre les prêtres, contre les religieux surtout.

Reconnaissons-le, comme cette haine est naturelle ! Cet homme né intelligent, riche, portant souvent un nom qui sonne autrement que celui de tous ces nobles de Gerolstein et qui quitte tout pour se faire semblable aux plus pauvres, — cela ne nie-t-il pas, ne supprime-t-il pas tout ce qui enorgueillit le Juif : l’argent ? Ce vœux de pauvreté du moine ne semble-t-il pas une permanente raillerie du vœux de richesse du Juif ?

Cette femme qui a préféré une robe de bure, dont ne voudraient pas des servantes, à la soie et à la dentelle n’est elle point, malgré la douceur de son angélique physionomie, comme une vivante et perpétuelle offense à ce Juif incapable d’acheter avec tout son or ce que possède cette indigente : la Foi, l’Espérance et la Charité[1] ?

En voilà une à qui la mort est bien égale et à qui un cercueil, fût-il en bois blanc, ne fait pas peur.

Simon dit Lockroy[2] pourra insulter ce moine, deman-

  1. La Foi, ce sentiment extra humain, enthousiaste, expansif, qui transporte l’être au-dessus de lui-même, et qui se traduit par le prosélytisme c’est-à-dire par l’ardent désir de faire partager au prochain les nobles joies que l’on éprouve, est absolument inconnue aux Juifs, même les plus croyants. La religion chez eux est une fidélité à une tradition, et un attachement à la race à laquelle on appartient.
    « Un fait remarquable, entre tous, dit M. Franck dans une conférence faite à la société des Etudes juives, sous ce titre : La Religion et la Science dans le Judaïsme, c’est que la langue hébraïque, je veux dire la langue de la Bible et des Prophètes, ne possède pas un môt équivalant à celui de foi. Celui que plus tard, dans quelques œuvres de controverse théologique, on a traduit de cette façon (Emouna) signifie la constance, la fermeté, la fidélité, la vérité. »
  2. Edouard Etienne Antoine Simon dit Lockroy, ainsi s’exprimas Vapereau. Le plus grand trait d’esprit de ce pitre, qui porte un