Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xii
introduction

Ne vous payez pas de mots, ne vous arrêtez pas aux apparences, et vous constaterez que le duc de La Rochefoucauld et le prince Kropotkine ont à peu près les mêmes idées sur la propriété, et que la notion du Bien et du Mal est également oblitérée chez les deux. « Choisissez dans le tas, emparez-vous de tout ce qui est à votre convenance ! » dit le chef des Anarchistes. Au fond, c’est exactement ce que fait Erlanger avec l’approbation tacite de la haute société française. Le révolutionnaire a du moins pour excuse d’être vivement ému par les souffrances des déshérités, et de vouloir leur donner le nécessaire. L’aristocratie française admet, au contraire, qu’un seul homme dépouille à son profit des milliers d’êtres humains pour s’assurer le superflu.

Ce symptôme est grave et l’on peut dire que ce qui fait l’immoralité des jours actuels ce n’est pas tant le nombre des coquins qui volent que le nombre des honnêtes gens qui trouvent tout simple que l’on vole.

S’il en est ainsi, c’est que la plupart des catholiques eux-mêmes sont absolument étrangers à l’économie sociale chrétienne. Ils ne se doutent pas que si l’homme a été condamné par Dieu au travail, le devoir de la société, sa raison d’être est d’empêcher qu’on ne le dépouille, soit par la violence, soit par la ruse, du fruit de ce travail.