Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/233

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Tout est Shakespearien dans cette scène du IV eme acte, c’est le théâtre tel que l’a compris Shakespeare dans Henri V et avant lui Eschyle dans les Perses, l’histoire toute vivante mise en dialogue et présentée ainsi aux spectateurs assemblés. Écoutez ce que dit « l’espion de Cromwell, banquier des Cavaliers. »

Des deux partis rivaux qu’importe qui succombe ?
Il coulera toujours du sang chrétien à flots,
je l’espère du moins ! C’est le bon des complots.

Des bords de la Seine aux bords de la Sprée ne l’entendez-vous pas depuis près d’un siècle ce monologue ? N’est il pas la conclusion de tous les coups de canon qu’on tire en Europe ? Pourvu que ce soit de l’or et du sang de chrétien qui coule, Israël est toujours d’accord et Berlin, par l’entremise de l’Alliance israélite universelle, donne fraternellement la main à Paris.


Au XVIIe siècle, la France, fort heureusement pour elle, n’en était pas là et n’était même pas entrée dans la voie de conciliation de l’Angleterre.

Sous Louis XIV, au moment où la France est à l’apogée de sa puissance et règne véritablement sur le monde non seulement par les armes mais par l’ascendant de sa civilisation, savez-vous combien Paris possédait de Juifs ?

On ne comptait pas plus de quatre familles de cette religion habitant la capitale et cent cinquante allant et venant[1]. En 1705, il n’y avait en tout que dix-huit indivi-

  1. Mémoires des intendants de l’état des généralités dressés pour l’instruction du duc de Bourgogne et publiée par M. de Boislisle.