Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

espace pouvant contenir environ 200 sépultures, ou bien trois quarts d’arpent, ou mène un arpent entier sauf à n’entourer de murs que les deux tiers ou la moitié du terrain. On exposait qu’il mourait à Paris 12 à 15 Juifs par an, ce qui donne une population d’environ 400 individus.

Lenoir répondait que la terre ne pouvait être achetée que par un Juif naturalisé. Le Juif Calmer était seul dans ces conditions, les autres n’étant que tolérés. Pendant ce temps, Matard faisait chanter ces pauvres gens selon le mot consacré, il demandait une indemnité énorme, 40,000livres, et encore pour ne laisser disposer de son terrain que pendant six ans.

Le projet d’établissement d’un cimetière pour les Juifs de Paris, rédigé par M. Pereire d’après les ordres de M. Lenoir, porte en marge : « lu à l’assemblée tenue le 27 octobre 1778, laquelle était composée de MM. Cerfbeer, Liefmanm Calmer et ses trois fils, J. Goldschmidt, Israël Salom, Silveyra et Pereire. »

Voici le préambule de ce projet :

Messieurs, les enfants d’Israël, que la Providence a conduits et soutenus en France, ne sauraient trop remercier le ciel du bonheur dont il les fait jouir sous un gouvernement qui ne respire que l’ordre, la justice et l’humanité.

Cette dernière vertu que les Juifs ont le plus besoin de trouver partout, et dont on peut dire qu’ils sont depuis la dispersion une vraie pierre de touche chez tous les peuples, ils en aperçoivent les effets spécialement à Paris par les bontés de Monseigneur Lenoir, lieutenant de police, de la manière la plus prompte à exciter toute leur reconnaissance.

En 1780, Jacob Pereire paraît s’être entendu avec Matard pour acheter définitivement un terrain qui pût servir