Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/287

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des spéculateurs juifs, des négriers, des aventuriers de tous les pays. Un Français viendrait demander à un de nos fameux joailliers de lui vendre à crédit une bague de vingt francs pour son mariage, que le marchand le mettrait à la porte, et le lendemain il remettra pour trois cent mille francs de bijoux à un comte de n’importe qui, marquis de n’importe quoi.

Ce qui est certain, c’est que la société française, qui exigeait des formalités d’un homme de la valeur de Jacob Pereire, accueillait à bras ouverts le fils d’un Juif alsacien nommé Wolff, qui se faisait appeler le comte de Saint Germain.

Il eut un rôle dans toutes les intrigues diplomatiques de son temps, il fut initié à tous les secrets d’État, et dans ces salons sceptiques il ne trouva pas un contradicteur, lorsque ce Juif errant de Cour affirmait, que, doué d’une éternelle jeunesse, il avait été contemporain de Jésus-Christ, et qu’il lui avait rendu de bons offices auprès de Ponce-Pilate. Personne ne mettait en doute qu’il ne sût fabriquer des diamants à volonté. A ceci quoi d’étonnant ? N’avons-nous pas vu Jules Ferry, ce noble esprit émancipé de tous les préjugés vulgaires, convaincu que Mme Cailhava, armée de sa bague magique, allait lui découvrir assez de trésors à Saint-Denis pour combler le déficit que les dilapidations et les vols de la République ont creusé dans le budget de la France.

L’influence de Cagliostro fut plus considérable encore. Celui-là faisait remonter sa généalogie à Charles-Martel, et Frédéric Bulau, dans ses Personnages énigmatiques et Histoires mystérieuses, nous montre ce qu’il faut penser de cette fable.

La vérité est sans doute moins brillante et moins romanesque, mais on reconnaît facilement les points d’appui qu’elle a fournis