Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/289

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qu’on jugeait dangereux. Il était intitulé : Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers. Sous cette apparence de dissertation politique, le pamphlet en question était spécialement dirigé contre la reine Marie-Antoinette, on n’en connaissait pas l’auteur, on savait seulement que la publicité en avait été confiée à un Juif italien nommé Guillaume Angelucci, qui portait en Angleterre le nom de William Hatkinson, qui usait d’une foule de précautions pour garantir son incognito et qui avait à sa disposition assez d’argent pour faire imprimer en même temps deux éditions considérables de son libelle, l’une à Londres, l’autre à Paris.

Le titre complet de l’ouvrage que des polémiques récentes ont rendu presque d’actualité paraît avoir été : Dissertation extraite d’un plus grand ouvrage. Avis important à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers, et qui peut dire même très utile à toute la famille de Bourbon, surtout au roi Louis XVI. 9. A. à Paris. MDCCLXXIV.

D’après le récit de Beaumarchais, l’auteur du Barbier de Séville aurait réussi moyennant une somme de 1500 livres (75,000 francs), à racheter l’édition hollandaise et l’édition anglaise, puis apprenant que le Juif, une fois payé, s’enfuyait avec un exemplaire qu’il comptait faire réimprimer, il l’aurait poursuivi à travers l’Allemagne, l’aurait rejoint dans un bois aux environs de Nuremberg et, le pistolet sur la gorge, lui aurait arraché cet unique exemplaire. C’est à ce moment que Beaumarchais, surpris par des voleurs, aurait été blessé et n’aurait dû la vie qu’à l’arrivée de ses domestiques.

Ceux mêmes qui étaient disposés à croire que Beaumarchais avait dramatisé la situation et exagéré les périls qu’il avait courus n’avaient jamais mis en question la réalité de rachat de la brochure et même de l’aventure d’Alle-