Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/298

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attitude il eut ordre de réciter tous les grades qu’il avait reçus, et de répéter tous les serments qu’il avait faits. On lui fit ensuite une peinture emphatique du grade qu’il allait recevoir, et, on exigea qu’il jurât de ne jamais le conférer à aucun chevalier de Malte. Ces premières cérémonies finies, on lui permit de se relever, on lui dit de monter jusqu’au haut de l’échelle, et lorsqu’il fut au dernier échelon on voulut qu’il se laissât choir, il obéit, et alors on lui cria qu’il était parvenu au nec plus ultra de la Maçonnerie.

Aussitôt après cette chute, on l’arma d’un poignard, et on lui ordonna de l’enfoncer dans le mannequin couronné, ce qu’il exécuta. Une liqueur couleur de sang jaillit de la plaie sur le candidat et inonda le pavé. Il eut de plus l’ordre de couper la tête de cette figure, de la tenir élevée dans la main droite, et de garder le poignard teint de sang dans la main gauche, ce qu’il fit !

Alors on lui apprit que les ossements qu’il voyait dans la grotte étaient ceux de Jacques de Molay, grand-maître de l’Ordre des templiers et que l’homme dont il venait de répandre le sang et dont il tenait la tête ensanglantée dans la main droite, était Philippe le Bel, roi de France. On l’instruisit de plus que le signe du grade auquel il était promu consistait à porter la main droite sur le cœur, à l’étendre ensuite horizontalement, et à la laisser tomber sur le genou pour marquer que le cœur d’un chevalier Kadosch était disposé à la vengeance. On lui révéla aussi que l’attouchement entre les chevaliers Kadosch se donnait en se prenant les mains comme pour se poignarder.

Peut-on imaginer spectacle plus singulier que celui de ce prince du sang frappant un roi de France et tenant sa tête ensanglantée dans sa main droite ?

Ces niais de tant d’esprit, ces ambitieux et ces imprévoyants, dupes de gens plus forts qui les menaient, ne se doutaient guère qu’en les conviant à rebâtir le temple de Salomon, qui ne les intéressait aucunement, on les invitait à servir d’instruments à la démolition de ce noble édifice de la vieille France, qui pendant tant de siècles les avait abrités