Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/376

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sans avoir jamais fait participer à rien ceux qui l’entouraient.

Profitons de la circonstance pour faire remarquer le côté blagueur de tous ces prétendus apôtres du Progrès. Voilà, par exemple, un homme comme Isaac Pereire, qui a toute sa vie chanté l’association, la coopération, comment n’a-t il pas eu l’idée de dire : « Tiens, j’ai été journaliste et besogneux dans ma jeunesse, le journal la Liberté n’est qu’une épingle dans une pelote de cinquante millions, je vais en laisser la propriété à tous mes rédacteurs qui s’associeront pour l’exploiter en commun, il y aura là un essai intéressant. »

Ces chercheurs apparents de solutions sociales sont à mille lieues de telles conceptions. Il sont moins avancés, au point de vue du dévouement à leurs semblables, que les Romains de la décadence qui non seulement, ainsi qu’en témoignent d’innombrables inscriptions, affranchissaient leurs esclaves, avant d’expirer, mais leur laissaient de quoi vivre tranquilles. « Après ma mort, dit Trimalcion lui-même, je veux que mes esclaves boivent de l’eau libre. »

Les Pereire cependant sont relativement de braves gens. Ils vivent fort simplement et n’ont même pas, je crois, de loge à l’Opéra, ils font du bien, modérément, mais ils en font et ils le font sans bruit, de famille infiniment plus honorable et plus française que les Rothschild, ils n’ont point, comme ces échappés de ghetto, la fureur de se mettre sans cesse en avant, la grossière impudence de venir écraser de leur faste insolent des familles dont le nom est glorieusement mêlé à notre histoire. Cette attitude leur attire la considération, et, sous le rapport mondain, ils sont aussi respectés que les Rothschild, avec leurs prétentions