Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/464

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rement honnête homme que la France, revenue de bien des chimères, sera peut-être bien contente de trouver pour mettre un peu d’ordre dans ce pays ravagé par une horde de bandits. Etant donné un tel homme, sa conduite vis à vis du comte de Chambord n’a pu être que très correcte. Il a été fort heureux, tous ceux qui l’ont approché de près en témoignent, d’être débarrassé de l’héritage de 1830 et de rentrer, non seulement dans la tradition monarchique, mais encore dans la bonne tenue, dans la décence qui conviennent à une famille rangée, à partir de la visite du 5 août 1873, il ne s’est plus considéré que comme un Dauphin.

Le 30 octobre 1873, après la publication de la fameuse lettre qui renversait tous les plans de restauration, Tailhand courut chez le comte de Paris et le trouva entouré des trois ducs : le duc de Broglie, le duc d’Audiffret-Pasquier et le duc Decazes.

— Il n’en veut pas, dit le duc d’Audiffret-Pasquier, monseigneur, à vous la manche.

— C’est impossible, interrompit le duc de Broglie, l’honneur vous le défend. Nous n’avons plus qu’à proroger le Maréchal et à voir venir.

Seul de tous les hommes importants du gouvernement, le duc d’Audiffret-Pasquier, celui que Thiers comparait à un hanneton dans un tambour, intrigua pour diminuer d’avance l’autorité du Roi. Il avait dit dans un banquet auquel assistaient plusieurs curés de Normandie : « Nous le ficellerons comme un saucisson et il lui sera impossible de bouger. »

Ce propos, rapporté au comte de Chambord, éveilla, sans doute, sa défiance contre l’Assemblée, mais au fond il ne demandait qu’à être découragé.