Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/504

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dédain, combien est-il mort d’hommes ? 1500 Français tout au plus….. »

Cette fois cependant il manqua d’estomac. S’il eût accusé le vrai chiffre, les Juifs l’auraient porté en triomphe[1].

L’épilogue m’a été conté par un de mes amis qui se trouvait, le 19 novembre 1882, sur la route qui conduit de la gare de Gretz au château de Saint-Ouen Mantegnis, propriété du levantin Camondo. « Sur l’omnibus superbement attelé, qui transportait les invités de la gare au château, raconte le Figaro du 22 novembre, étaient installés MM. Gambetta, accompagné de M. Arnaud de l’Ariège, Léon Renault, Antonin Proust, Dugué de la Fauconnerie, Pignatel, Alfassa. »

Ce que le Figaro ne dit pas, c’est l’accès de gaîté qui prit tous ces messieurs, lorsqu’ils aperçurent quelques soldats en congé qui allaient prendre le train.

En Tunisie ! en Tunisie ! s’écrièrent les joyeux compères, auxquels la vue de ces pauvres gars, qui cheminaient le front attristé, avec leurs effets dans un mouchoir de poche à carreaux, venait de rappeler les bénéfices qu’ils avaient réalisés.

Sous ce ciel d’automne mélancolique et pluvieux, ces

  1. Un journal de province ordinairement bien informé, l’Appel au Peuple du Gers, donne un chiffre de dix-huit mille victimes.
        « Voulez-vous savoir, pères de famille, combien de vos enfants ont été tués, blessés, réformés ou sont morts de maladie depuis quinze mois pour le seul profit des « Jeckers » de la Tunisie et de l’opportunisme ?
        Dix-huit mille sur cinquante mille.
        Tel est le chiffre officiel que nous donnait hier même un médecin militaire qui a fait toute la campagne et que nous mettons le gouvernement de la R. F. au défi de contredire. »