Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/510

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déduites, n’avait pas été résolue à la paix, si Paris, devinant d’instinct, sans savoir au juste la vérité, les spéculations cachées là-dessous, ne fût resté profondément indifférent[1].

Il y eut là un capitaine de Landwehr dont le flegme philosophique fut admirable. Figurez-vous un officier de Napoléon 1er, après 1806, qu’on serait venu troubler dans son café ? Vous entendez d’ici les jurons et les défis. Ce brave homme de capitaine, qui est probablement un homme aussi brave que M. Déroulède, s’en alla paisiblement prendre sa choppe ailleurs.

L’Allemagne n’eut point seulement du bon sens, elle eut de l’esprit, ce qui est assez rare chez elle. Maîtresse des municipalités pleines de Juifs d’Outre-rhin qui, ainsi que nous l’avons dit, se donnent pour Alsaciens, elle fit organiser, quelques jours après la démonstration Déroulède, un grand banquet pour célébrer l’anniversaire de Sedan.

Vous voyez d’ici le contraste. En septembre 1870 les cadavres français jonchaient le champ de bataille, les captifs s’acheminaient mornes et sombres vers ces îles de la Meuse où ils restèrent deux jours sans nourriture, au milieu des acclamations et des vivats, le régiment de la garde à cheval défilait en élevant nos drapeaux dans l’air… Douze ans après, à la même date, à la même heure, les républicains sablaient le champagne dans le palais de la Bourse pour célébrer cet heureux jour.

  1. Nous avons vu à la fête du 14 juillet 1884, se reproduire les mêmes grossièretés niaises suivies des mêmes reculades. Le drapeau allemand fut jeté dans le ruisseau par un commissaire de police éperdu de peur, un jeune Allemand, M. Wurster, faillit être massacre par la foule avinée.