Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/521

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M. Alcide Bleton, qui avait été chargé, par le ministre de la marine et des colonies, d’une mission commerciale au Tonkin et dont le rapport a été publié, n’a absolument rien vu qu’on pût exporter ou importer dans ce pays. Tout ce qu’on pourrait faire, selon lui, pour gagner un peu d’argent, serait de construire des cambuses pour les employés européens et d’établir des blanchisseries. Au moment où l’Allemagne est menaçante à nos portes, faire tuer nos meilleurs soldats pour arriver à blanchir le linge sale des Annamites et des Tonkinois est une conception bien baroque.

Il n’en est pas moins vrai que nous sommes allés au Tonkin pour faire une affaire.

Sans doute, on aurait pu s’y méprendre. On entendait Tondu, même après Lang-Son, s’écrier dans les corridors : « Jamais je n’abaisserai le drapeau de la France ! L’honneur national avant tout ! Fallût-il sacrifier cinquante mille hommes, que je ne quitterai pas le Tonkin ! » On disait : « C’est excessif mais c’est égal, c’est un lapin que ce Tondu… »

Dietz-Monin et Bozerian tenaient le même langage au Sénat, et les pères conscrits, frappés d’admiration, répétaient : « Ce sont deux crânes que ces deux gaillards, Ils n’ont pas froid aux yeux. »

Tout à coup, M. Andrieux apporta à la commission du Tonkin un document qui montra Tondu et ses amis sous un nouveau jour. Voici quel était le texte de ce papier :


PROJET DE CRÉATION
d’une grande compagnie fermière de l’état dans l’indochine

Article premier. — Le président du conseil, ministre des affaires étrangères, au nom de l’Etat, concède à la société fran-