Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/549

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pestivement sur M. de Rothschild, en racontant qu’il a rencontré un capucin qui marchait pieds nus et qui avait l’air défait de quelqu’un qui jeûne. Marcher pieds nus ! jeûner ! quel crime ! s’écrierait ce pauvre peuple sans réfléchir que cela ne le gêne en rien et qu’il ne sera pas plus riche quand il aura empêché ce capucin de marcher pieds nus et de jeûner.

Quelque chagrin que l’on puisse avoir de la décadence mentale de ce peuple, qui se laisse ainsi berner par ceux qui s’enrichissent à ses dépens, il faut tenir compte de ce fait que l’union, qui a toujours été la force de la Juiverie, la sert merveilleusement dans cette circonstance. Les Juifs d’en bas sont appuyés par ceux d’en haut et les Juifs d’en haut sont garantis contre la Révolution, puisque ce sont les leurs qui conduisent les insurrections.

Il faut ajouter que les membres des classes élevées n’ont guère une vision plus nette de la situation que les prolétaires. Chez eux, le chrétien résigné à la persécution dans laquelle il trouve une occasion de mérite auprès de Dieu, prime trop le citoyen, qui, né dans un pays que ses pères ont défriché, agrandi, civilisé, entend bien défendre ses droits et ne permet à personne de le traiter en Paria ; ils ne se rendent pas compte de ceci, que celui qui va chercher la persécution en Chine ou au Japon est un héros, tandis que celui qui la subit patiemment chez lui est un lâche.

Personne ne protesta quand le Juif Stern dit, au Cercle de la rue Royale, ce mot que les journaux citent complaisamment au moins une fois tous les mois : « Dans dix ans, je ne sais pas comment un chrétien fera pour vivre ». Parmi les représentants de la noblesse qui composaient ce cercle avant ses malheurs, il ne se trouva pas un homme assez courageux pour relever cette insolence, pour