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la france juive

rier, et Jules Vallès a eu, jusqu’à un certain point, raison d’écrire : « Ce petit homme sans menton, sans lèvres, à la tête de belette et aussi de linotte, est une des caboches les plus fortes de son temps, le Machiavel de son époque, — un Machiavel chafouin, blagueur, fouilleur, viveur, puisqu’il vient après Tortillard, Jean Hiroux, Calchas et Giboyer. »

C’est l’Orient toujours que visait ce monde sémitique qui devait réaliser là de si beaux bénéfices. Laurier alla tâter le terrain avec Gambetta à Constantinople, en passant par Vienne pour s’y concerter avec les Juifs d’Autriche. En chemin il expliqua à son compagnon ce qui se préparait, l’initia au rêve que caressait Israël d’un gouvernement franc-maçonnique et financier, qui ferait suer à la France tout l’or de ses épargnes, l’opéra des quelques superstitions honnêtement républicaines qu’il pouvait avoir encore, lui montra la vie comme Vautrin l’avait montré à Rastignac, dans la pension Vauquers ; au retour, il plaça son disciple chez Crémieux. Près du vieux, Gambetta se trouva en pleine cuisine du Temple de Salomon, en plein Grand Orient, en pleine Alliance israélite. De ce jour-là, il fut fameux. La presse juive grossit démesurément le mérite du discours du procès Baudin, fit sa chose du succès de l’orateur.

Bien prévenu, resté dans une demi-réserve, Gambetta était l’homme de la situation quand éclata la guerre de 1870, la guerre juive. À le voir partir pour la province, en compagnie de son inséparable Laurier, il semble voir mise en action une fable de Berakhia Hanack : Le Loup cervier et le Porc déguisé en Lion.

On a raconté à maintes reprises cette débauche de cinq mois, cette orgie éhontée, cette mise en coupe réglée de la