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la france juive

N’a-t-on pas vu apparaître, depuis la chute de l’Empire, une génération neuve, ardente quoique contenue, intelligente, propre aux affaires, amoureuse de la justice, soucieuse des droits généraux ?

N’a-t-on pas vu apparaître sur toute la surface du pays — et je tiens absolument à mettre en relief cette génération si nouvelle de la démocratie — un nouveau personnel politique électoral, un nouveau personnel de suffrage universel ?

Oui, je pressens, je sens, j’annonce la venue et la présence dans la politique d’une couche sociale nouvelle qui est aux affaires depuis tantôt dix-huit mois et qui est loin, à coup sûr, d’être inférieure à ses devancières.

Sur le moment, on ne comprit rien à ce discours, et beaucoup, même aujourd’hui, ne sont pas loin de voir là une manifestation de plus du verbiage ordinaire à ce fougueux diseur de riens. Quelle est, se demande-t-on, cette nouvelle couche dont parlait l’orateur ? Il n’y a, dans notre société démocratique, qu’un élément nouveau qui puisse avoir accession à la vie publique, se faire une place plus considérable dans le gouvernement du pays, c’est le Peuple, le quatrième Etat, selon l’expression des socialistes. Or, la haine de Gambetta pour l’ouvrier est connue de tous, les candidatures ouvrières qui, logiquement, auraient eu raison d’être sous une République radicale, ont été toujours combattues par le gambettisme ; depuis 1870, pas un ouvrier, à part Brialou, n’est arrivé à la Chambre.

La nouvelle couche, nous l’avons dit, existait réellement ; elle formait comme un personnel tout prêt pour qui saurait s’en servir. La nouvelle couche se composait de beaucoup de Juifs avec un appoint de Francs-Maçons pour lesquels le mot de conscience n’avait pas de signification, de boutiquiers peu scrupuleux, comme Tirard, de faiseurs