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gambetta et sa cour

Le voile commença à se déchirer lorsque des généraux, comme Ducrot et comme Bourbaki, furent chassés de l’armée dont l’incapable Farre devenait le chef. Le charme, cependant, ne fut tout à fait brisé qu’au moment de la campagne des décrets, alors qu’on vit nos soldats mettre sac au dos et bayonnette au fusil pour arracher de leur domicile des vieillards et des religieux inoffensifs, des citoyens français repoussés du prétoire, et l’infâme Cazot déclarer en ricanant qu’il n’y avait plus de tribunaux, et que son caprice était la seule loi. Derrière le faux Gambetta, auquel on pardonnait tant de choses, on aperçut le Juif, qui, pour satisfaire des haines de ghettos, déchaînait sur le pays, qui l’avait si bien accueilli, le fléau des guerres religieuses. La France désensorcelée, réveillée de son rêve, guérie de son roman, n’eut qu’un cri : « Oh ! le misérable ! »

Ce fut alors qu’on songea à regarder l’entourage. C’était bien le plus hétéroclite assemblage qu’on pût imaginer, un bouquet de Juifs, un véritable selam de youtres de tous les pays et de toutes les couleurs. Tous les Juifs du monde, en âge de se transporter, étaient là, ils s’étaient agglomérés au palais Bourbon comme les molécules au centre d’une tasse de café. Quelques-uns venaient d’Espagne et étaient nés à Hambourg, d’autres venaient d’Autriche et étaient

    liable ennemi de la Prusse dînait tous les vendredis avec Proust et Spuller chez la Païva, devenue la comtesse Henckel de Donnesmarck ; il s’asseyait à la table du premier gouverneur de l’Alsace Lorraine. Chose curieuse, c’est Spuller qui se dégoûta le premier d’aller là.

    J’ai contrôlé avec soin ce renseignement, qui me paraissait invraisemblable. Si Déroulède, le chantre de Gambetta patriote, le désire, je lui dirai de qui je tiens le fait et il n’aura aucun doute sur son exactitude.